Je vous propose un retour d’expérience sur l’utilisation de convertisseurs MoCA 2.5, permettant de faire transiter du réseau à plus de 2,5 gbps sur un simple un câble coaxial (d’antenne TV).
Une histoire de surface
Il y a deux ans, j’ai emménagé dans un nouveau logement. Bien que cela puisse vous sembler anodin, ce déménagement a représenté un changement significatif pour moi et mon réseau : je quadruplais ma surface habitable.
Gestion du déménagement oblige, j’ai choisi de ne pas me préoccuper outre-mesure de la couverture WiFi en intérieur. Free continuait à me proposer une offre FTTH, c’était là pour moi l’essentiel pour télétravailler.
Mon nouveau logement n’étant pas équipé de prises RJ45, j’ai choisi de déployer deux bornes TP-Link Deco M4R. Leur fonctionnement est simple : une borne « maître » est connectée en Ethernet à ma Freebox et diffuse deux réseaux; l’un pour connecter ses appareils, l’autre dit de « backhaul », servant à alimenter la borne « satellite » en réseau sans avoir à la relier à autre chose qu’une prise électrique.
Et il faut bien souligner que cela marchait plutôt bien. La maison était couverte convenablement, et les débits étaient plus que raisonnables pour une utilisation quotidienne.
…et d’interférences
Si je parle aujourd’hui au passé, c’est que, depuis quelques temps, la stabilité de mon réseau s’est détériorée, avec des décrochages réguliers et pertes de réseau sur mon satellite. C’est suffisamment rare pour ne pas être bloquant, mais assez régulier pour que je ne puisse plus passer une semaine sans perdre la connexion lors de réunions en visio.
Après plusieurs semaines à expérimenter, à déplacer le satellite et à tenter d’obtenir un réseau stable, j’ai dû me rendre à l’évidence : je devais changer de plan. Après réflexion, il m’a semblé que la meilleure solution restait de placer les bornes à des endroits stratégiques, et surtout de toutes les connecter au réseau par câble.
Et c’est ainsi qu’ont commencé mes déconvenues : pour placer au mieux mes bornes, il me fallait pouvoir faire passer un câble du rez-de-chaussée (où se trouve ma Freebox) à l’étage (où se trouvera mon satellite). Après avoir tenté tout ce qui était en mon pouvoir de locataire, j’ai dû me rendre à l’évidence : aucune gaine ne me permettait de faire passer du câble à paires torsadées dans mes murs. Adieu la belle vie le très haut débit local.
Je sais qu’il est possible d’utiliser des boîtiers CPL afin de faire passer du réseau par les câbles électriques, mais les débits sont bien en deçà de ce qu’annoncent les constructeurs, et même en deçà de ce que le satellite reçoit en WiFi 5.
Heureusement pour moi, un espoir restait : un câble coaxial d’une quinzaine de mètres relie les deux pièces (quelle veine !). Hélas, le câble étant visiblement coincé entre des cloisons, l’isolant et la charpente (le tout sans gaine), il ne m’était pas possible de l’utiliser comme tire-fil pour le remplacer par de un bon vieux câble à paires torsadées CAT 6.
Les paires torsadées sont mortes, vive le coaxial
Pour ne rien vous cacher, à ce moment là, je commence à perdre espoir. La seule idée d’utiliser des câbles coaxiaux pour faire transiter des données me rappelle à mes cours de réseaux (merci Stéphane !) et à l’époque lointaine où le RJ45 ne régnait pas encore en maître. Le standard Ethernet 10BASE2 ne permet d’atteindre qu’un débit de 10 mbps. Pas glop.
Et pourtant ! Il existe aujourd’hui une solution permettant de faire transiter du très haut débit par des câbles coaxiaux. Cette solution miraculeuse, c’est le standard MoCA (Multimedia over Coax Alliance).
S’il semble populaire outre-atlantique, il est plutôt discret chez nous. Et c’est bien dommage : dans sa version 2.5, il est possible d’établir des liens half-duplex entre deux nœuds jusqu’à 2,5 gbps (oui oui !). Soit de quoi largement saturer les ports gigabit de mes équipements réseaux. Côté flexibilité, il est possible de relier jusqu’à 16 nœuds sur un même câble coaxial (qui se partageront alors les 2,5 gbps). Je n’ai cependant pas testé de réseau au-delà de deux nœuds, n’en ayant pas l’utilité.
Seule ombre au tableau : étant donné la faible popularité de cette solution en Europe, les options disponibles sont rares et les prix restent assez élevés. À l’heure où j’écris cet article, seul le boîtier MA2500D de chez GoCoax (lien affilié) est disponible sur Amazon France, autour des 80€ l’unité. Soit un coût de revient à 160 € pour équiper les deux extrémités d’un câble coaxial.
Et alors, ça fonctionne ?
Absolument, et même au-delà de mes attentes !
L’installation est un jeu d’enfant et se réalise en un clin d’œil : il suffit de déballer les deux convertisseurs, de les connecter au câble coaxial d’un côté et à un câble Ethernet RJ45 (fourni) de l’autre, puis de les brancher sur le secteur. Après quelques dizaines de secondes d’attente, la connexion est établie et tout est opérationnel.
Du côté de la performance, mis à part un souci de perte de paquets dû à un défaut dans le micrologiciel livré avec les convertisseurs (rapidement résolu par une mise à jour, je détaillerai le processus dans un prochain article), tout fonctionne parfaitement. Les interfaces web des deux appareils me confirment l’établissement d’une connexion en MoCA 2.5, affichant un débit impressionnant d’environ 3,6 gbps en cumulé (pour 2,5 gbps réel, cf. cette explication de GoCoax).
En testant la connexion directement sur mon PC portable et son port gigabit, les résultats parlent d’eux-mêmes : j’obtiens une latence moyenne d’environ 4ms et un débit maximal autour des 900 mbps vers ma Freebox (le maximum qu’arrive à délivrer la mire de test de débit), sans perte de paquets, ni en TCP, ni en UDP, ni en ICMP. Les promesses sont donc bien tenues.
Pour les plus intéressés, je reviens plus en détails sur l’installation et la configuration de ces deux boîtiers dans un second article.
Et voilà, enjoy !